Ruches/Apiculture moderne

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La philosophie de base :

  • une ruche est un moteur, et il importe de régler ce moteur de toutes les manières possibles et imaginables pour le pousser en permanence dans son régime maximum.
  • tous ces réglages (et leur cumul), fruits de l'ingéniosité humaine, sont bien sûr sans effets secondaires à long terme. (On peut donc se lâcher).


Cires gaufrées

À chaque recyclage de cires en gaufres, les molécules ajoutées l'année précédentes sont dans les gaufres.
La 1° année (N) ou le recyclage a commencé, il y a donc seulement les ajouts de l'année (N-1)
La 2° année (N+1), il y a les ajouts de l'année précédente (N) + ceux de l'année (N-1) puisque les cires à recycler proviennent elles-mêmes de cires gaufrées.
...
Au bout de 20 ans, dans une gaufre, il y a 20 années de traitements (divers et variés) cumulés (+ d'autres produits).
Des molécules diverses (pas forcément pensées pour être associées, comme pour les médocs) qui se côtoient, s'approchent, se mélangent et interagissent joyeusement.

On dépasse probablement allègrement les 20 ans de recyclage pour les gaufres aujourd'hui.
(Il y a probablement encore une louche de "sent-bon" dans le bouillon pour pas faire fuir l'acheteur).

NB : la cire est un produit conservateur (et employé comme tel). Quand des molécules sont prises dans la cire elles y sont piégées.

NB2: On trouve désormais des "cires" contenant 0% de cire. Uniquement constituée de substituts.


Traitements

En France les AMM (Autorisation de Mise sur le Marché) sont délivrées dans la plus totale transparence et impartialité.

à noter que les pages critiques sur le sujet ont elles aussi une mortalité assez élevée :


à noter aussi que l'un des effets du monopole de fait de l'apivar en France est donc une absence de diversité dans les traitements ... et donc le développement de résistances. (Mais on trouvera un autre produit miracle, pas d'inquiétudes !).


Un échantillon de ce que l'apiculteur reçoit régulièrement dans sa boite mail :
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Un souci (réel ou pas), un médoc !

Nourrissage

La pratique est désormais totalement banalisée. L'idée même qu'une ruche puisse exister sans être nourrie est désormais saugrenue. Le nourrissage devient par ailleurs continu.

Et bien entendu, il serait stupide de ne pas en profiter pour rajouter quelques bons adjuvants à la composition totalement inconnue. Les abeilles en raffolent !

L'abeille n'a plus besoin de sortir de sa ruche. Sa nourriture est juste au-dessus de sa tête.

La plupart des ruches hivernent désormais sur du miel de sucre, miel qui est extrêmement différent du miel produit par les abeilles.

Beaucoup d'apiculteurs professionnels rentrent désormais (en tonnage) plus de sucre (liquide ou solide) qu'ils ne produisent de miel.

Comment s'étonner du "goût" du miel ainsi produit ?

Avec le nourrissage, mécaniquement les abeilles explorent moins leur environnement (une abeille qui est dans le nourrisseur n'est pas dehors), et donc en connaissent moins bien les gisements, et donc les exploitent moins, et donc présentent une insuffisance alimentaire, ... et donc l'apiculteur se dit "ben je vais les nourrir pour pallier". La boucle (le piège) est refermé.

A long terme, il faut aussi noter que le nourrissage est forcément une pratique qui n'est pas neutre génétiquement et qui sélectionne les types d'abeilles qui s'accoutument le mieux à cette pratique. Le nourrissage est une pratique qui ne va évidemment pas sélectionner des abeilles capables de chercher et trouver de la nourriture dans un biotope maigre. Le nourrissage est une pratique (un cercle vicieux) qui non seulement s'auto-entretient, mais ne peut que s'amplifier dans le calendrier, jusqu'à devenir quasi-continu et indispensable aux abeilles devenues dépendantes.

Les ruches posées dans la campagne deviennent de facto un trompe l'oeil, puisque l'essentiel de la nourriture des abeilles ne provient plus de là. A la manière des producteurs de produits provençaux ... dont 99% de la marchandise est en réalité importée d'ailleurs, le 1% de production réellement locale servant de paravent.


Ruches

  • Dans la nature, les abeilles construisent de haut en bas, le couvain est centré (pour être le plus au chaud).
  • Le principal parasite de l'abeille est le varroa, qui ne supporte pas les températures trop élevées.
  • Dans une ruche moderne, grâce au système de hausses, les abeilles sont contraintes de construire de bas en haut. Le couvain est dans l'élément le plus bas (corps de ruche) qui est ainsi également l'élément le plus froid et le plus sale de la ruche (du fait de tout ce qui tombe du dessus, et qui est considérable). Dieu merci, ceci n'a bien sûr pas de conséquences pour les abeilles.
  • sous une ruche à toit plat en tôle (la majorité du parc), la température en été peut monter jusqu'à 70°/80°.
  • en été, il arrive que les ruches plastiques qui ne bénéficient pas d'un peu d'ombre commencent à fondre.


Transhumance

La transhumance, encore une mine d'or. Et bien entendu aucun impact sur les abeilles. Que du bonheur. Par exemple : Valensole 2016 http://www.apiculture-france.com/t16764-recolte-de-miel-2016-tout-le-monde-pleure#256897

Par ailleurs, on parle souvent du manque de viabilité des ruchers sédentaires. Il est certain que quand un rucher sédentaire voit débarquer X ruches qui se pointent pile-poil juste au moment des miellées, cela doit leur faire un bien fou. Sans parler des petites maladies apportées en prime. (Le cas en 2016 pour un collègue apiculteur amateur). On leur suggérera la lecture de "la découverte de l'Amérique" par Colomb pour méditer. Voir eg : http://ruchesdebiodiversite.fr/sauvage-ou-domestique-second-episode/


Essaimage

L'essaimage est depuis toujours le mode de reproduction naturel des colonies d'abeilles.

... Le grand critère sur lequel on juge désormais un apiculteur : sa capacité à empêcher l'essaimage.

L'imagination et l'ingéniosité humaine est sans limites dans le domaine.

Le résultat ? La mortalité annuelle des abeilles de 30% entraîne mécaniquement une captation de tous les essaims possibles pour tenter de renouveler le cheptel chaque année. L'essentiel des essaims sont des essaims fabriqués ou importés, mais de facto, tout y passe.

On a donc un prélèvement dans le milieu pour alimenter une filière qui flambe un tiers des abeilles annuellement et qui ne renvoie en contrepartie quasiment rien dans le milieu naturel. (Et de toutes manières, le peu d'essaims éventuellement renvoyé étant factuellement génétiquement adapté au nourrissage, n'a que peu de chances de survie en milieu naturel).

On coupe les couilles du chat ... puis on s'étonne gravement de sa baisse de fertilité.

La filière professionnelle s'apparente à une impasse avec un trou sans fond au bout. Une machine de destruction dont la performance est actuellement d'un tiers du flux entrant, et est en augmentation.

Une filière d'élevage peut-elle survivre durablement avec de tels chiffres ?

Le milieu naturel est désormais quasiment vide d'abeilles. (ce qui est assez récent).


Autres joyeusetés

  • ... la suppression du couvain de mâles. Ils sont en effet inutiles. C'est d'ailleurs une caractéristique de la vie animale de produire des choses inutiles et d'être inefficace.


Résultats

Chacun des points ci-dessus est une innovation aussi géniale qu'indispensable et sa découverte s'apparente à la découverte d'une mine d'or.

Quels sont sont les résultats de ce constructivisme/interventionnisme effréné et de l'empilement de ces mines d'or ?

Les résultats pour la France en 2000-2016 sont :

  • une production nationale sur une pente baissière
  • une mortalité des abeilles de 30% annuelle, année après année. Mortalité sur une pente croissante.
  • une diminution constante du nombre d'apiculteurs (mais Dieu merci, les vendeurs de produits, de reines, etc se portent bien eux. Tout ne va pas si mal.)
  • une pression notablement augmentée pour les apiculteurs entrants (et les amateurs) due aux tensions sur le prix des essaims
  • beaucoup d'apiculteurs ne vendent plus leur miel en pot aux consommateurs, mais vendent désormais leur miel en quantité à des industries de transformation (pâtisserie industrielle, etc). ... probablement parce que la qualité de leur miel ne cesse de s'améliorer
  • des colonies sauvages quasi-inexistantes
  • cerise sur le gâteau : la collectivité est bien sûr sollicitée pour aider à éponger les pertes du secteur

Pour autant, il n'y a aucun changement dans la philosophie qui sous-tend l'activité apicole moderne. On observe même plutôt une tendance non seulement à ne rien changer, mais à en faire toujours plus pour essayer d'obliger à toutes forces les abeilles à produire. Le mot d'ordre, c'est contraindre.

Aucune des "innovations" des dernières années ne pourrait avoir d'effets secondaires indésirables et donc n'est à remettre en cause. Et puisque toutes ces innovations sont décrétées bénéfiques, les causes des mauvais résultats sont à chercher au-dehors.

Et on ne compte pas les innombrables amateurs qui s'efforcent à tout prix d'imiter les apiculteurs professionnels, quand bien même leur cahier des charges est très différent. Amateurs dont une part énorme cesse l'activité très rapidement.

A mesure que le bilan de l'activité est de plus en plus désastreux, les méthodes associées à ce bilan sont professées avec plus de rigidité. C'est à la fois une manière de nier le désastre et de préparer très efficacement un avenir radieux.

La lecture des forums apicoles est pleine d'enseignement. L'activité de l'abeille est scrutée du mieux possible, une abeille qui ne produit pas est une anomalie. Le moindre signe de ralentissement incompris doit donner lieu à une correction par l'apiculteur. Bouger les cadres. Couper les ailes. Tuer la reine. Introduire une autre reine. Traiter. Flasher. Vitaliser. Prélever. Ajouter. Booster. Fusionner, etc etc. La panoplie est riche, il y a forcément toujours quelque chose (de bien) à faire.

Une ruche, c'est avant tout un mécano dont les pièces sont faites pour être tripotées en permanence. Les abeilles ne pourraient évidemment pas s'en sortir sans l'apiculteur. L'apiculteur sait, mieux que les abeilles, ce qui est bon.

NB1 : Il faut savoir que l'essentiel de la mortalité des reines a lieu durant les manoeuvres d'ouvertures/fermetures de ruches. ("au trou de vol" - Storch).

NB2 : On retrouve régulièrement des ruches/colonies "abandonnées", parfois depuis des années, souvent dans des habitacles délabrés ... et qui pourtant se portent à merveille. Dieu merci, cela n'interpelle quasiment personne.

NB3 : On peut s'interroger si les pratiques apicoles modernes ne sont pas en partie dues à la petite taille des animaux ainsi traités ? Si les abeilles étaient plus grandes et mieux visibles ainsi que leurs ruches, pourrait-on leur faire ce qu'on fait tranquillement aujourd'hui ? Imagine-t-on par exemple le parc de vaches laitières subir année après année une perte de 30% ?


L'environnement

Le responsable idéal ... puisque c'est l'autre.

Dernière nouveauté, importante, suite au grand jeu de "c'est pas nous, c'est les autres". Les agriculteurs commencent désormais à semer des champs de plants auto-fertiles, eg colza. Les abeilles ne vont donc plus sur ces champs et on ne peut plus imputer les pesticides qui y sont épandus. ... La mortalité des abeilles reste elle hélas inchangée.